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Report : Inuït + Toukan Toukan

par Mélissa A.

VEN. 01 MAR.
Publié le 04/03/2019

LA soirée où il fallait être, même si t’avais calé une raclette !

20h30 au Temps Machine, l’atmosphère est verdoyante.

La scène, ornée de plantes vertes exotiques et surmontée d’un drap noir à l’effigie d’un petit toucan toco, annonce une première partie tropicale pour un groupe pourtant local.

Toukan Toukän, formé en 2015, a su briller en quatuor puis trio, et se voit désormais assurer en duo avec Etienne Faguet et Laure Berneau. Il y a deux ans, le groupe était en première partie de Her avec une chanteuse enceinte mais toujours pétillante tout comme lors de leurs live à Terres du Son. Depuis, la formation pop exotique made in Tours a sorti un 2e EP, le clip Mr Boring en décembre, et annonce la sortie de son 3e EP cette année. Qu’en est-il sur scène ? Le duo est soigné, avec des costumes en totale adéquation avec leur univers. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit le maquillage turquoise à la Selofan (ou Jeanne Mas) et épaulettes métalliques de la chanteuse, au T-shirt sylvicole de son binôme et à la multitude de plantes disposées au pied de chaque instrument ou pad de percussions. Le ton est donné, le duo s’implique autant dans le visuel que dans le sonore et rien de mieux comme expérience pour le public, lorsqu’il se déplace voir un spectacle vivant, avec une dimension autre que celle rendue sur sa platine, pépouze dans le canapé. Le show est rodé. Le groupe, très complémentaire et complice, sait parfaitement où est sa place et c’est sans fausse note que l’un relaie le second. Laure Berneau fixe sans complexe la foule et l’aimante sans difficulté. La musique est parfaitement orchestrée, avec une alternances d’électro pop aux teintes exotiques, et des rythmes entrainants avec une batterie millimétrée et puissante, appuyée par une platine pad toute en couleurs. La voix grave, saccadée hip-pop contraste avec les envolées lyriques plus perchées dans les refrains accompagnés de reverb’. Cette dernière sera un peu trop utilisée, hélas, sur un titre qui était certainement le moins pertinent du set, au rendu trop acidulé, trop lisse. Toukan Toukän excelle dans un style nordique-oriental, où la cold-wave devient chaleureuse et où le désert côtoie la jungle électronique. L’ensemble est beau, cohérent, intelligent et le public n’est pas en reste. On appréciera leur communication scintillante et leur plaisir d’être ici, chez eux. Ils auront une pensée pour leur ancien compagnon de scène présent dans la salle. En cadeau, ils interprèteront un nouveau titre, entièrement instrumental mais loin d’être chiant.

Bref, un très bon moment en leur compagnie ! Et après 45 minutes de prestation, Toukan Toukän n’avait rien d’une première partie et assoie un peu plus sa légitime notoriété exponentielle. Sélectionnés par le dispositif national Le Fair, ils marchent sur les pas d’Inüit, grands vainqueurs de l’ancienne édition, qui leur emboite le pas ce soir.

 

 

Sans avoir le temps de reprendre nos esprits, c’est au tour des Nantais d’Inüit de s'installer sur scène.

Ils sont six : Rémy, Pierre, Pablo, Simon, Alexis et Coline et ont enregistré leur premier EP dansle studio de Benjamin Lebeau (The Shoes). Avec trois pôles rythmiques, des synthés, un trombone, un saxo et des panneaux d’angles recouverts d’une texture alu avec un tube néon au centre, la scène du temps machine est rayonnante. Une fois tout ce petit monde en place avec une balance d’enfer, le moment sera une sacrée claque. Peu de répit pendant 1h, avec un public enjoué. Inüit signifiant « être humain », emmené par la chanteuse Coline, fait honneur au peuple des grands espaces polaires où la cohésion d’un collectif est mis en avant. Le groupe ne fait qu’un et assure un set assez disparate passant d’un tempo à l’autre que ce soit dans de l’introspective lente aux sonorités jazz avec de la pop industrielle pour terminer en mode clubbing. Inüit est multifacette. La bombe rythmique déployée ce soir là fut une véritable fontaine de jouvence. Le groupe est ouvert, la communion avec le public est limpide, s’il faut reprendre les refrains, taper dans les mains où danser, la foule est impatiente de partager sa fougue. C’est le genre d’énergie galvanisante et viscérale, où rester stoïque n’est pas envisageable. Inüit peu également compter sur des jeux de lumières à bannir des épileptiques, et d’une boule à facettes qui sera un peu la reine de la soirée. Malgré un souci de pédales pour Coline, l’unité d’Inüit garde le cap et enchaine les titres aux prédominances basse/batterie. Moins captivée par les chansons plus hip-pop ou jazzy électroniques, les compositions basées sur un schéma de montées crescendo avec des ruptures pour plus d’intensités dans les refrains, est une recette infaillible pour mettre l’ambiance. On saluera la performance sur un titre 100% percussions mais petite déception sur le titre du rappel qui fut d’une douceur déconcertante, dégoulinant d’amour. Heureusement, Inüit n’est pas revenu pour un titre mais pour trois, avec un second punchy à souhait résumant à lui seul la soirée, et enfin, une super cover de Pump Up The Jam de Technotronic.

Sortez de l’igloo, la chaleur est à son max ! Le groupe est à voir sur scène car l’intensité dégagée n’est en rien comparable avec celle de leurs enregistrements studios.

Le genre de soirée où le vendredi, tu arrives sur les rotules, mais où tu repars survitaminé comme jamais. L’influence Ligérienne fait décidément des miracles, de Tours à Nantes, le courant est…éclectique et électrique.